mardi 26 septembre 2017

Anonymat italien de grande hauteur


Vous avouerez qu'il m'était difficile de passer à côté de ce genre de carte postale.
Nous sommes donc à Lavagna, Piazza Cordeviola devant le gratte-ciel. Il faut le dire de suite, je n'en connais pas le ou les architectes, mes recherches restant vaines comme c'est d'ailleurs souvent le cas pour l'architecture moderne italienne.
Le noir et blanc rend parfaitement hommage à son dessin et cette tour surplombant le reste de la ville affirme par son pignon un désir de surpasser le reste des constructions. Mais bien entendu, c'est d'abord le dessin de ce pignon qui nous séduit. Très légèrement anguleux, ce pignon est surtout original pour la manière dont les ouvertures semblent jetées au hasard de la hauteur, certaines étant même projetées sur les bords, rompant étrangement la régularité de l'ascension vers le ciel. En bas un traitement différent offrant une belle jonction au sol, un socle sombre alors que le sommet est capoté et griffé.



Ma carte postale est marquée d'une superbe flèche au stylo-bille indiquant l'appartement du correspondant. J'aime ce genre de marquage à l'origine même de ma collection. La carte postale des éditions Cartoleria Sanguinetti est en vraie photographie mais ne nous donne pas d'autres informations. Le cadrage rend hommage à l'érection soudaine et brutale de la Tour venant jouer avec l'autre verticale, celle de l'église. On aime beaucoup cette ambiance italienne dont l'étoile de Caltex ou la petite Fiat ajoutent à la Dolce Vita.



Le point de vue écrase par contre l'autre façade et l'effet de finesse est un rien contredit dès que l'on bouge et qu'apparaît alors la façade principale de la Tour :


Sur cette autre carte postale des éditions Pagano, soudain tout s'épaissit. Et si l'autre façade semble tout aussi désordonnée pour la percée des fenêtres d'ailleurs fort nombreuses, on perd immédiatement cette sensation de finesse et de radicalité.


Cela nous permet donc d'affirmer que le point de vue, bien évidemment détermine une idée de la construction qu'il faut toujours relativiser à l'aune d'autres visions. Mais il ne fait aucun doute que cette possibilité est bien inscrite dans l'architecture par l'architecte et qu'il ne s'agit pas d'un doute mais bien d'un dessein. Il suffit de voir comment la tour se pose dans l'urbanisme pour comprendre qu'en suivant les rues, l'immeuble devient une tour lorsque le piéton ou l'automobiliste prend la rue amenant à cette Piazza. Le pignon devient donc un manifeste et un tour de passe-passe pour écraser en fait la longueur du bâtiment, illusionner sa masse. D'ailleurs ce qui le prouve c'est que les photographes de cartes postales semblent bien avoir préféré le point de vue sur ce pignon que ceux mettant en jeu le gratte-ciel avec le reste de la ville. On notera sur cette dernière carte postale du gratte-ciel de Lavagna comment le photographe est venu quasiment au même endroit que la première carte postale, photographe certainement à son tour, saisi par le surgissement des verticales de ce pignon si beau. Google nous permet de voir que le pignon Nord est bien moins ouvert.


Nous reste à savoir pourquoi un tel gratte-ciel dont le succès éditorial semble évident, et donc sa popularité si affirmée, demeure anonyme. L'immeuble est toujours en place, aussi beau. Quel architecte italien a donc dessiné cetrès bel immeuble à Lavagna ? Quello che l'architetto ha designato il grattacielo di Lavagna ?


2 commentaires:

  1. il semble que l'architecte soit Benedetto Resio, qui a travaillé avec Daneri, grand architecte dont certaines œuvres génoises ne devrait pas vous laisser indifférent.

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  2. Merci XB ! Voilà une bien utile information.

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