mardi 31 janvier 2017

C'est le jour

Je vais faire comme tout le monde. Je vais vous raconter quand j'étais petit, ma nostalgie amusée naissant sur les quarante années passées. Mon frère revenant d'un voyage scolaire à Paris, ayant vu, lui, la bête et apportant à la maison un livre sur le Centre Pompidou. Ma jalousie et mon impatience à y aller à mon tour. L'attente d'une année.
Je vais vous chanter comme tout le monde que l'année 1977 c'est l'année de Beaubourg, de Star Wars, de la Ville Nouvelle du Vaudreuil, des feux s'éteignant d'une utopie dont on nous avait nourri, de la jeunesse joyeuse.
Ah... Quarante ans ! Beaubourg a quarante ans et cela a l'air d'étonner tout le monde comme si, finalement, on s'apercevait que le cadavre de cette utopie bougeait encore. Et on y va sur la modernité encore présente de son architecture, sur son aventure à sortir de terre, sur cette modernité acceptée qui aujourd'hui fait si vintage... Et puis les tuyaux de couleurs, l'escalator sur la façade, coursive finalement aboutie de la Modernité des années 20, le plan libre, la légèreté des cimaises déjà pourtant présentes ainsi au Musée Malraux, et la Pop Culture que Baudrillard dénoncera.
Rendez-vous compte : Chirac et Pompidou pour, la gauche philosophique contre... Amusant les retournements de l'histoire. Faut bien penser le contraire pour se croire penser quelque chose.
Si sympathique Pompidou et si sympathique Chirac. Et surtout si trompé Baudrillard qui a parlé trop vite, sans doute pour prendre LA place de la critique. Aimons les bateleurs.
Je remarque que, ce midi, les journalistes de France 3 nomment Renzo Piano mais oublient Rogers et Baudrillard. Pourquoi ? Je ne sais pas.
On fabrique une légende comme si l'architecture contemporaine devait en passer par là pour être acceptée.
Réjouissons-nous ! Plus rien de ce qui a fait la révolution de Beaubourg n'existe. Plus rien sauf, peut-être la Bibliothèque et l'idée que l'on s'en fait.
Les restaurants chics avec rose en soliflore pourrissent sur la jubilation populaire des patios, les entrées sont fermées, on entre au compte-goutte. Que voulez-vous ? Il faut être en sécurité pour voir Picasso remis sur des murs en dur. On pose les contrôles au pied de l'escalator, comme ça c'est plus clair la nouvelle perception de la circulation.
Baudrillard doit être content.
Reste une collection exceptionnelle, des expositions géniales et tout, tout, tout ce que je lui dois.
Tout.
La piazza est bien sage. Tant mieux, j'ai toujours détesté le spectacle de rue, ces jongleurs de balles débauchés du cirque du soleil, les cracheurs de feu hydrocarburé, les accordeonneux mal accordés, la pouaisie pouette pouette de la rue, les surprises des rencontres... Tout ça m'emmerde. Je suis trop vieux, Mon Pompidou. Trop vieux.
Allez ! La quarantaine c'est un bel âge ! C'est celui de Sylvain. Une vigueur bien maîtrisée, un recul malin, les responsabilités. J'aime bien ceux qui ont quarante ans.
Joyeux anniversaire Centre Pompidou !

Quelques cartes postales ? Allez, vous êtes venus là pour ça, finalement :



Pour rappel, voici une carte postale montrant le Centre Pompidou en construction et nous laissant voir sa géniale, superbe structure. L'éditeur Lyna nous raconte :



On jalousera Alain Gesgon qui a vu ça. On aimerait qu'il nous montre le reste de ses photographies de ce chantier. Monsieur Gesgon... On vous attend ! On notera le nom de la série " la fin des halles" qui doit donc comporter d'autres beaux morceaux. C'est, sans aucun doute, l'une des plus belles cartes postales de ma collection, l'une des plus importantes aussi à tous points de vue...
Comme c'est un anniversaire, je vous montre une suite de cartes postales de la fameuse série Prestige que l'on reconnaît par son P majuscule sur l'image. C'est l'éditeur Cap-Théojac qui régale. On notera qu'il nomme bien Piano et Rogers comme architectes. Comme il s'agit d'une collection un peu chic et parfaitement éditée, on a aussi le nom des photographes.
On commence par un cliché de nuit de J. Dimaggio et J. Kalish de l'agence bank. Point de vue particulier venant coller à droite l'angle de la dalle. On note l'affiche de Paris-Moscou sur la façade donc nous sommes en 1979 :



De jour, cette fois, le photographe P. Chabartier nous offre un détail de la façade avec cage d'ascenseurs et escalator et même toile de cirque posée sur la piazza. Parfait pour comprendre la légèreté du squelette :



De l'autre côté, sur l'autre façade, depuis un étage, le même P. Chabartier a dû demander une autorisation pour accéder à ce point de vue que j'envie. J'adore la proximité :



Toujours le même éditeur mais cette fois c'est J.-M. Chourgnoz qui depuis le bas regarde les tuyaux. C'est comme à Grand Couronne, c'est aussi beau :



Un peu de naïveté ?
Voici une carte postale étrange ne disant rien finalement de la pensée de son auteur, Sylvie Veillevigne, qui laisse assez de place pour la critique positive ou... négative. Une édition MIC MAX qui est un extrait d'un livre, Promenade à Paris, édition au Chat Perché. La place est surtout offerte à la fréquentation de la piazza :



Et puis, inévitable, une position politique et citoyenne. Une carte postale éditée par Solidarité France Croatie dont la photographie est de Neven Jagodic. L'action est claire. Je ne sais rien du mode de diffusion de cette carte postale, ce qui est certain c'est qu'il s'agit bien d'un point de vue fabriqué et que cela raconte l'un des usages du Centre Pompidou :



Pour voir un beau et très informé film sur Beaubourg, je vous conseille vivement celui de Julien Donada :
 http://www.france2.fr/emissions/infrarouge/diffusions/24-01-2017_541897

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