mercredi 10 février 2016

Actualité et Patrimoine en vrac, vraiment en vrac

Aujourd'hui un article un peu spécial car tourné vers l'actualité.
D'abord la positive !
Se tient en ce moment l'exposition obliqueS, autour de Claude Parent à l'école des beaux-Arts du Mans jusqu'au 4 mars. Et il faut lui ajouter une exposition qui me tient tout autant à cœur, celle de Marc Hamandjian à Piacé dans le cadre d'une capsule radieuse.
Marc Hamandjian montre une série de pièces mises en relation avec la Bulle six coques dont il est en grande partie responsable du sauvetage. En effet c'est bien lui qui me la signala comme existant dans le réel il y a plus de vingt ans maintenant et c'est aussi grâce à son énergie que nous avons pu entreprendre de la sauver. Dans son travail de sculpteur et d'artiste, Marc Hamandjian a toujours su faire résonner ainsi à la fois le réel des utopies abandonnées et son imaginaire reconstituant les parts manquantes à la construction de son monde. Il était évident qu'il devait être le premier à venir jouer avec la Bulle six coques à Piacé.
Toutes les infos ici :

http://www.piaceleradieux.com/programmation-capsules.php 





Les autres actualités sont plus douloureuses :
On apprend la démolition imminente de la Tour Aurore à la Défense, tour dessinée par les architectes Damery, Vetter, Weil ceux qui dessinèrent aussi, souvenez-vous, le très beau et brutaliste centre commercial de La Rafale à Reims détruit maintenant alors qu'il s'agissait d'une des pièces maîtresses de l'architecture de ce type en France. J'avoue que je croyais bien que cette tour Aurore était déjà tombée, en fait, elle avait fait l'objet d'une restructuration dans les années 90.
Il est très dommageable de laisser ainsi tomber l'une des silhouettes les plus particulières et représentatives de son époque, dont l'état est excellent. La nécessité de garder des témoignages se fait pressante tant on sait comment cette architecture de bureaux est mal aimée et mal considérée alors même qu'elle représente parfaitement son époque par des solutions techniques, conceptuelles et esthétiques. Il faudra bien aussi penser et concevoir qu'il y a là, sur ce terrain de la Défense, des œuvres, et donc du Patrimoine architectural.

Dans le même instant, j'apprends qu'une journée d'étude est organisée par Jean-François Cabestan autour de l'avenir du très très beau Musée National des Arts et Traditions Populaires abandonné depuis le déménagement des collections vers, notamment le Mucem. Rappelons que ce musée est l'œuvre du célèbre Jean Dubuisson dont les qualités sont reconnues de tous, et que ce musée représente à lui seul sans doute, l'un de ses chefs-d'œuvre qui associe construction et intelligence de la muséographie. L'inquiétude sur l'avenir de cette merveille grandit. Là, également, devant une telle œuvre, il faut mobiliser toutes les énergies (si vous en avez encore...) pour sauvegarder cette pensée spatiale et muséale.
Pour en savoir plus et participer :
http://jeanfrancoiscabestan.com/inquietudes_sur_le_musee_des_arts_et_traditions_populaires.php 

http://jeanfrancoiscabestan.com/pdf/musee_des_arts_et_traditions_populaires/AMC246_P024_025_patrimoine.pdf

Enfin, l'école d'architecture de Nanterre continue de pourrir. Doucement, tranquillement. Heureusement des mouvements tentent bien d'y croire encore mais ce cas devient malheureusement un cas d'école (oui) de la gestion désastreuse de nos instances culturelles et politiques face à une œuvre dont je crois, simplement, ils ne comprennent pas la beauté et l'intelligence ni la chance urbaine qu'elle représente. Cet aveuglement joue avec le temps, la ruine devient belle puis inutile et enfin dangereuse. Ne restent que les arguments du coût de la restructuration et de la restauration pour donner enfin l'ordre de la destruction que l'on appellera démontage... Pour moi, ce cas de l'école d'architecture de Nanterre, de par son histoire, de par sa localisation, de par son idée architecturale même est le symbole et l'aveu d'impuissance d'une politique culturelle sur l'héritage patrimonial moderne et contemporain maintenant claire depuis deux ministères : ne rien faire, jouer l'épuisement et le silence. Ce n'est pas qu'il n'y a pas de volonté, c'est bien qu'il y a une volonté de nuire.

Tout cela pose les questions essentielles de la réhabilitation et de l'entretien de nos architectures modernes et contemporaines. Bafouées, mal aimées, toujours reléguées en dernière urgence, toujours massacrées au nom d'un pragmatisme sécuritaire et normé, ou d'une ignorance crasse de la culture qu'elles représentent, culture de l'architecture, de la construction, de l'image et même de l'histoire sociale de ces espaces. Nos constructions modernes et contemporaines sont décorées au mieux d'une plaque d'un Label Patrimoine du XXème siècle, véritable médaille en chocolat, plaisant moment inutile que les chenilles des grues de démolition aplatissent à loisir alors que les autorités tournent la tête pour ne pas voir. En plus, il manque en France un vrai enseignement de la réhabilitation qui ne peut pas être toujours un remodelage complet comme certains architectes nous le chantent depuis 25 ans maintenant.
Car si le Patrimoine c'est du temps passé sur notre présent, les spécificités de ce présent devraient être jugés toujours à l'aune d'une TOTALE EXCEPTIONNALITÉ préservant les constructions dans l'ensemble de leur formes, de leurs conceptions et même de leurs erreurs. Tous étant signes d'une époque, pour en juger et pour en écrire l'histoire, il faut en admettre leur qualités même celles qui aujourd'hui sont obsolètes et j'ose, surtout celles qui sont obsolètes.
Je voudrais citer une phrase de Bruno Reichlin qui apparaît à la fin de l'ouvrage Réabiliter, les édifices métalliques emblématiques du XXème siècle : "S'il y a des immeubles ou parties d'immeubles, des meubles, des installations, un décor, des tableaux ou bien des machines, des installations qui, dans leur ensemble, témoignent d'une histoire, d'une culture, et d'un usage hautement représentatifs d'une époque, d'une société, d'un état ou d'une phase du développement industriel, social, économique ou autre, il se peut fort bien que la muséification soit le choix le plus raisonnable, même du point de vue de l'exploitation."
Je vous donne à lire la dernière lettre ouverte envoyée par Jacques Kalisz à Monsieur Sapin, Ministre des finances et vous communique quelques photographies de l'état actuel. C'est à pleurer et honteux.
Réagissez ! Bougez ! Partagez !
Que cela cesse immédiatement ! Immédiatement ça rime avec changement et remaniement.
Pour vous rappeler son état de grâce retournez-là :
http://archipostcard.blogspot.fr/2010/12/une-ecole-darchitecture-une-lecon.html






 

 
 
 


 













1 commentaire:

  1. Que dire... http://www.leclaireur-ladepeche.fr/2016/02/15/travaux-le-clocher-recycle-en-couverture-d-autoroute/?utm_source=dlvr.it&utm_medium=twitter&utm_campaign=travaux-le-clocher-recycle-en-couverture-d-autoroute

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