dimanche 19 octobre 2014

Madame, il faut travailler encore un peu



On pourrait y voir le programme parfait de la carte postale.
On pourrait ici critiquer son trop grand attachement à en être une.
Entre un ciel bleu parfait et une verdure chatoyante se glisse au loin, comme dans un paysage bucolique et enchanteur, La Reynerie à Toulouse le Mirail. Comme il serait aisé ici, sans recul, de dire la tromperie des images, de ne surtout pas prendre le temps de la regarder pour tirer les conclusions hâtives et sans travail qui tordent les images comme on veut. On a vu ça et entendu ça récemment.
L'histoire devrait se méfier de la carte postale et surtout l'Histoire des Grands Ensembles serait si bien écrite qu'elle ne pourrait pas se jouer ailleurs, différemment, dans des images populaires et donc suspectes.
Madame... Travaillez un peu



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Qu'est venu faire ici, dans le point de son cadre, le photographe Michel Pendaries pour les éditions Cely ? Quelle était la demande qui lui fut faite ? Le savez-vous Madame ? Non.
Est-il venu en indépendant puis a-t-il vendu son cliché à l'éditeur ? Est-ce une demande de l'éditeur ? A-t-il construit son cliché en regardant les revues d'architectures ? A-t-il téléphoné à l'équipe de Georges Candilis pour connaître le bon emplacement ? Le savez-vous Madame ? Non.
Avait-il dans l'œil les peintures de Poussin, les photos de famille ?
Monsieur Michel Pendaries a-t-il fait le tour de tout ce Mirail, a-t-il attendu la bonne heure, la bonne lumière dans sa voiture ? Le savez-vous Madame ? Non.
Aimait-il cet ensemble, en a-t-il compris la révolution ? La poésie surnaturelle débordante comme une erreur ? Le savez-vous Madame ? Lui avez-vous demandé ? Non.
Cette image dit la civilité de celui qui vient là pour donner à ceux qui y vivront, au-delà de leur vie et de leur chaos, une image. Il ne peut pas Madame, donner toutes les images. Alors il choisit celle qui peut-être sur le tourniquet du marchand de journaux fera par son soleil, son ciel, sa verdure venir la famille qui est restée dans la vieille ville.
Il a su voir le travail d'un urbanisme conservant les espaces verts, il a su comprendre que parfois dans cette ville naissante on peut s'en éloigner pour la saisir ainsi perdue, lointaine comme la craie blanche d'une falaise.
Et dans ce mirail, ce miroir, le bleu du ciel n'a-t-il pas le droit aussi d'être présent ? Doit-il forcément faire gris, moche, épuisé à son utopie pour être juste à vos yeux ?
Madame... Voyez !
Et si cette carte postale de Toulouse le Mirail ne peut pas porter à elle seule toutes ses histoires, elle est la réalité. Parce qu'elle est justement une position, un acte, un regard, un temps de pose. Elle est un objet d'échange.
Elle est dans ma main.
La photographie vous la croyez menteuse, je la crois assujettie. Et son sujet est mon rêve, ma poésie, mon espace. J'y suis libre, ce que vous n'êtes plus depuis longtemps.
Je vous laisse l'Histoire.
Je suis des histoires.
Bons baisers des Grands Ensembles, Madame.
Il fait beau, On essaiera de venir pour Noël. Comment va Papy ? Sébastien a fait sa rentrée. As-tu reçu mon colis ?







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