mardi 9 juillet 2013

Pop Port






Une carte Multiple qui va donner de Port Barcarès une image très Pop !
D'abord par les couleurs vives ensemble rassemblées, tout ce jaune, cet orange mais aussi par la réunion d'objets un rien hétéroclites agissant comme un collage spatial dont la surprise et l'humour sont soit désirés soit involontaires.



Comment pourraient bien en effet se réunir une prise électrique géante, un bateau échoué, un polyèdre, un totem, un immeuble ?
Eh bien, c'est la définition même de Port Barcarès par cette carte postale dont l'édition et la photographie sont de Paul Goudin et qui fut expédiée en 1973.
C'est toujours, au départ, une idée généreuse de mettre à la disposition des vacanciers et des habitants, de l'art contemporain sur les chemins de la ville. On croit toujours que la seule émanation de la présence de ces sculptures saura engendrer un intérêt et un goût pour l'art moderne, comme si, être là, alignées les unes après les autres, les œuvres allaient donner à penser, faire culture.
On sait aussi que nos ronds-points sont aujourd'hui devenus en forme d'héritage à cette question, une collection épouvantable du mauvais goût de nos élus locaux en matière d'art contemporain.
Ici pourtant, il y avait sans doute une bon palier. Une ville totalement neuve, un élan d'époque sachant s'amuser, une création ouverte et aussi un lieu spécifique ont sans doute autorisé les autorités et les artistes à croire qu'ils pourraient chacun, ici, inventer un rapport à leur art plus léger, plus direct, plus démocratique car détaché des institutions, des murs, des rapports de violence d'une culture d'élite et du public... Une illusion.
Sans doute aussi que l'alignement sans jeu, au lieu de créer un rapport plus joyeux avec la création, a inventé une confusion faisant de ces œuvres des distractions amusantes comme des bibelots que l'on pose sur le téléviseur.
C'est toujours le téléviseur qui gagne et ici, le téléviseur c'est la mer.
Tout vieillit, tout vieillit mal... surtout le Pop Art.



Simplement parce qu'il joue avec une actualité, sa disparition est programmée. Les prises électriques géantes de Peter Klasen sont aujourd'hui bien dépassées dans leur forme, dans le rapport au réel de cette forme et dans l'esprit joyeux à s'amuser d'un objet pauvre du quotidien. On s'en amuse maintenant comme on s'amuse à Euro-Disney des accessoires de Mickey.
Mais au-delà du risque de ce type particulier, l'Allée des Arts de Port Barcarès était une œuvre, une idée qui fut très spécifique à ce lieu, à cette cité balnéaire. L'Allée des Arts aurait dû être respectée par les municipalités successives.



Pourquoi un tel état d'abandon ? Pourquoi ne pas avoir entretenu cette Allée, avoir continué à aimer cet objet urbain unique ? Aujourd'hui, se promener le long de cette allée c'est comme se promener le long d'un cimetière de l'art. Les œuvres dégradées, disparues, offrent de la ville de Port Barcarès une image honteuse bien loin d'une joie de vivre. Seuls les Polymorphes semblent entretenus.
Les grands noms ne manquaient pas pourtant, les belles pièces non plus, et dans ce catalogue à ciel ouvert de la sculpture contemporaine, il y avait en quelque sorte des hauteurs de vues différentes qui fondaient une époque, une histoire, un patrimoine.
La remise en valeur rapide et juste de cette Allée des Arts doit se faire dans le respect de ces œuvres et des artistes bafoués, raillés par cet abandon qui ne fait pas honneur à ceux qui le cultivent.
Car c'était là une belle image de la ville, c'était bien sa signature. Une ville pour laquelle on échoue un paquebot qui devient à son tour un ready-made géant et urbain, une ville qui avait cru en la joie simple et populaire d'un art accessible doit renouer avec son histoire.
Mobilisons toutes les énergies pour retrouver la belle Allée des Arts de Port Barcarès, seule ville créée comme un collage Pop !
Et sur cette carte postale, on trouve aussi ces petites pépites architecturales qui font notre plaisir :



Le Mini-Club et ses couleurs joyeuses est comme un petit hommage à Buckminster Fuller. Il est la preuve que ce genre de lieu à aimer ces expériences de micro-architecture si typiques également de cette période comme le fameux Hexacube de Monsieur Candilis à Port Leucate ou les bulles six coques de Monsieur Maneval ou encore les bulles de béton vu ici.
Existent-ils encore ?
À Royan, sur la plage de Foncillon, je me régale encore de la présence de ce modèle qui sert pour les surveillants de baignades. Preuve qu'ils sont solides et modernes.
Alors que Port Leucate semble vouloir renouer avec son histoire et avec Georges Candilis son architecte, il serait sans doute rapidement nécessaire que Port Barcarès, la voisine, entame enfin le grand retour de sa culture Pop sur sa plage, sa ville, son esprit. Cela serait sans doute à l'heure de la mode Vintage, une occasion aussi de faire du tourisme joyeux et cultivé.










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